Entreprise de services à la personne à céder pour cause de départ à la retraite : opportunité à saisir ou risque à anticiper ?

Des centaines d’entreprises SAP sont à reprendre pour cause de retraite. Opportunité ou piège ? Analyse et conseils pour repreneurs dans l’aide à domicile.

départ en retraite du dirigeant causse de la vente de son entreprise risque ou opportunité
départ en retraite du dirigeant causse de la vente de son entreprise risque ou opportunité

De nombreuses entreprises d’aide à domicile, crèches, micro-crèches et SAAD sont mises en vente pour cause de départ en retraite. Faut-il y voir une opportunité stratégique ou un risque opérationnel ? Découvrez notre analyse pour les repreneurs du secteur des services à la personne.

Le secteur des services à la personne : un vivier de TPE bientôt à transmettre

Le secteur des services à la personne (SAP) représente près de 1,4 million d’emplois en France, avec une majorité de structures à taille humaine. On y retrouve notamment des entreprises d’aide à domicile (SAAD), des micro-crèches, des organismes mandataires ou prestataires de garde d’enfants, ou encore des services spécialisés dans l’accompagnement des publics fragiles.

D’après l’enquête menée par la Fédésap en 2023, près de 20 000 entreprises du secteur sont aujourd’hui dirigées par des entrepreneurs âgés de plus de 55 ans. Il s’agit donc d’un enjeu générationnel majeur : selon cette même source, 40 % des dirigeants de plus de 50 ans envisagent de céder leur entreprise dans les prochaines années.

Ces entreprises disposent généralement d’un ancrage territorial fort, d’une ancienneté significative (2/3 ont plus de 8 ans d’existence), et d’une clientèle récurrente. Autant d’atouts qui en font des structures attractives sur le papier… mais pas sans vigilance.

vente entreprise pour cause de retraite du dirigeant secteur du services à la personne
vente entreprise pour cause de retraite du dirigeant secteur du services à la personne

Le secteur des services à la personne est constitué à plus de 90 % de TPE indépendantes, souvent créées par des professionnels du terrain (infirmiers, assistantes maternelles, travailleurs sociaux, etc.) plutôt que par des profils gestionnaires. Ces entreprises fonctionnent sur un modèle de proximité, avec un lien fort au territoire et à leurs équipes.

Cela constitue une richesse… mais aussi une fragilité.

La dépendance au dirigeant, l’absence de cadre managérial structuré, une faible digitalisation ou des marges réduites sont autant de défis pour les repreneurs. Sans oublier les obligations réglementaires strictes (autorisation SAP, agrément PMI, taux d’encadrement, etc.), qui limitent les possibilités de développement ou de diversification sans préparation en amont.

Dans ce contexte, une entreprise à vendre pour cause de retraite n’est pas automatiquement une bonne affaire : tout dépend de sa structuration, de son équipe et de son potentiel de continuité.

Les idées reçues sur les entreprises à céder pour cause de retraite

secteur aide à domicile départ en retraite du dirigeant risque ou bonne affaire
secteur aide à domicile départ en retraite du dirigeant risque ou bonne affaire
reprise d'entreprise secteur aide à domicile pour un départ à la retraite
reprise d'entreprise secteur aide à domicile pour un départ à la retraite

Quels sont les signes d’une entreprise de SAP réellement attractive à reprendre ?

Spécificités du secteur SAP : un tissu composé de TPE locales souvent fragiles

Vieillissement des dirigeants et tensions sur la reprise

Dans l’imaginaire collectif, une entreprise à vendre pour cause de retraite serait une belle affaire : dirigeant motivé, prix attractif, équipe en place… Pourtant, la réalité du terrain est souvent plus nuancée, notamment dans le secteur des services à la personne.

Voici trois idées reçues à déconstruire pour mieux évaluer les vraies opportunités.

Non, une entreprise à céder pour cause de retraite n’est pas toujours une bonne affaire

Beaucoup de repreneurs partent du principe qu’une cession pour cause de départ en retraite est synonyme de tranquillité : un dirigeant part, une structure saine reste. Mais cela ne suffit pas à en faire une bonne opportunité.

Dans les faits :

  • certaines entreprises sont mises en vente par défaut, faute de succession familiale ou de projet post-cession structuré ;

  • d’autres sont fragilisées par un manque d’anticipation ou de documentation ;

  • le départ du fondateur peut désorganiser toute une structure si celui-ci était trop impliqué dans l’opérationnel.

Dans le SAP, où les activités sont très dépendantes de l'humain, une entreprise mal préparée à la transmission peut vite devenir un casse-tête à relancer.

Le prix n’est pas forcément plus bas : effet "parachute doré" des dirigeants

Autre mythe courant : une entreprise à céder pour cause de retraite serait « bradée ». En réalité, c’est souvent l’inverse.

De nombreux dirigeants de TPE/PME dans les services à la personne voient dans la cession de leur entreprise le seul levier pour compléter une retraite souvent faible. Cela les pousse à surestimer la valeur de leur structure, en l’indexant sur leurs besoins personnels plutôt que sur les performances réelles du marché.

On parle parfois de syndrome Stéphane Plaza : le prix de vente n’est pas fixé selon les ratios financiers ou la rentabilité, mais selon le projet de vie du cédant post-retraite. Résultat : des valorisations déconnectées, difficilement finançables pour les repreneurs.

Le risque d’une entreprise endormie ou sous-investie

Un autre piège fréquent : reprendre une entreprise « en fin de cycle », dont le dirigeant a progressivement levé le pied en vue de son départ.

Dans le secteur SAP, cela peut se traduire par :

  • une baisse du chiffre d’affaires,

  • un désengagement commercial (plus de prospection, peu d’actions marketing),

  • une absence d’investissement (locaux vieillissants, outils obsolètes, formation du personnel à l’arrêt).

Ces entreprises dites « endormies » peuvent parfois cacher un vrai potentiel… mais demandent du temps, des moyens et une stratégie pour les relancer. Sans accompagnement ou fonds dédiés, elles représentent un risque important de décrochage dès la reprise.

Une activité récurrente et une équipe stable

Dans le domaine des SAP, la récurrence de l’activité est un pilier fondamental. Une entreprise dont le chiffre d’affaires repose en majorité sur des prestations régulières (aide quotidienne, garde hebdomadaire, contrats mensualisés…) offre une visibilité financière et une stabilité rassurante.

En parallèle, une équipe fidèle, peu sujette au turn-over, est un excellent indicateur de qualité. C’est particulièrement vrai dans les structures d’aide à domicile, où la relation de confiance entre intervenants et bénéficiaires est la clé de la fidélisation client.

Une entreprise attractive est celle qui peut fonctionner sans dépendance directe à son dirigeant, avec des salariés formés, motivés, et bien encadrés.

Des autorisations à jour (SAP, CAF, PMI...)

Dans ce secteur fortement encadré, une entreprise sans autorisation à jour ne peut tout simplement pas fonctionner durablement.

Parmi les autorisations ou agréments à vérifier impérativement :

  • l’agrément ou l’autorisation SAP, indispensable pour intervenir à domicile et permettre aux clients de bénéficier d’avantages fiscaux ;

  • les conventions CAF pour les crèches ou micro-crèches (aides PSU ou CMG) ;

  • les autorisations de fonctionnement délivrées par la PMI pour les établissements d’accueil de jeunes enfants ;

  • les certifications qualité (type Qualisap ou Cap’Handéo) qui peuvent être exigées dans certains appels à projets.

Une entreprise attractive dispose d’un dossier réglementaire clair, structuré et à jour, avec des relations fluides avec les autorités locales (CAF, ARS, PMI…).

Un dirigeant ayant préparé sa succession

Enfin, la posture du cédant en dit souvent long sur la transmissibilité réelle de l’entreprise.

Un dirigeant bien préparé aura :

  • formalisé les procédures internes (accueil des nouveaux salariés, gestion des plannings, relation client, etc.) ;

  • mis en place un système d’information exploitable (logiciel métier, historique client, documents RH, etc.) ;

  • informé ses équipes de sa volonté de céder, pour anticiper les éventuelles réticences ou départs.

Un bon signal ? Le dirigeant est prêt à accompagner le repreneur pendant une phase de transition. Cela reflète un état d’esprit constructif et une volonté de transmission saine.

départ en retraite dirigeant entreprise secteur aide à domicile
départ en retraite dirigeant entreprise secteur aide à domicile

Le rôle clé d’un accompagnement spécialisé pour réussir la reprise

Évaluer la valeur réelle de l’entreprise dans le secteur SAP

Dans les services à la personne, la valorisation d’une entreprise ne peut pas se limiter à un simple multiple d’EBE. Ce secteur, très encadré et fortement dépendant de facteurs humains, impose une analyse plus fine et contextuelle.

Il faut d’abord prendre en compte le niveau d’autorisation détenu par l’entreprise, ainsi que les conditions de son renouvellement éventuel. Une autorisation SAP, un agrément PMI ou une convention CAF en cours de validité ne valent pas la même chose qu’un agrément récemment obtenu ou en passe d’expirer, avec des risques de non-renouvellement.

La nature du chiffre d’affaires est également un élément clé. Une entreprise qui fonctionne avec des contrats récurrents, comme des plans d’aide APA ou des gardes d’enfants mensualisées, offre plus de sécurité qu’une structure aux prestations ponctuelles ou saisonnières. Il est également essentiel de distinguer la part des revenus issus de financements publics (CAF, départements, ARS) de ceux issus de prestations privées.

L’organisation interne joue un rôle tout aussi important. Une entreprise avec un fort taux de CDI, un management intermédiaire structuré et un faible taux de turn-over sera mieux valorisée qu’une structure où l’absentéisme et les départs désorganisent régulièrement le planning.

Enfin, la réputation locale, bien qu’intangible, est un facteur différenciant décisif. Dans des secteurs aussi sensibles que la petite enfance ou l’aide à la personne, la confiance des familles, des bénéficiaires et des partenaires institutionnels est difficile à construire… mais très facile à perdre.

Accompagnement par un cabinet expert du secteur

Faire appel à un cabinet spécialisé dans la cession d’entreprises de services à la personne, c’est s’assurer un accompagnement aligné avec les réalités du terrain. Un expert du secteur maîtrise les dynamiques propres aux SAAD, micro-crèches, structures handicap ou portage de repas, et sait en identifier les forces comme les fragilités. Il dispose d’un réseau actif de repreneurs qualifiés, souvent déjà familiarisés avec les exigences métiers et les contraintes réglementaires spécifiques.

Au-delà de la simple mise en relation, l’accompagnement comprend une valorisation adaptée au secteur, une mise en marché ciblée et confidentielle, une coordination rigoureuse des audits, et une structuration des étapes de négociation jusqu’à la signature. Ce savoir-faire évite les erreurs fréquentes dans les reprises non préparées, où les malentendus ou les approximations peuvent compromettre la réussite du projet.

Chez PME Partner, notre cellule dédiée « Cession Services à la Personne » accompagne chaque année de nombreux dirigeants dans la transmission de leur structure. Nous apportons une méthodologie éprouvée, une compréhension fine des enjeux humains et une capacité à faire dialoguer les parties dans un cadre sécurisé, professionnel et pragmatique.